Vase rouleau, Madoura
Vase rouleau, Madoura
Important vase rouleau en faïence émaillée
Suzanne Ramié pour Madoura
Circa 1950
Signé du cachet Madoura plein feu
H 66, 5 x Diam 20,5 cm
Très bon état général, infime restauration au col
Extra large glazed earthenware vase
Suzanne Ramié for Madoura
Circa 1950
Stamped « Madoura Plein Feu »
H 66, 5 x Diam 20,5 cm
Very good condition, minimal restoration at the rim
La personnalité de Suzanne Ramié a rayonné à Vallauris grâce à ses qualités techniques, artistiques mais aussi humaines. Celle qui a été le lien entre Pablo Picasso et la poterie avait une connaissance experte de sa matière. Lorsqu’elle arrive dans ce village, elle a pour bagage un enseignement de l’Ecole des Beaux arts de Lyon, section décoration et céramique. Elle commence par travailler au sein d’une soierie lyonnaise comme décoratrice textile puis elle quitte sa ville natale pour Vallauris. C’est Jean-Baptiste Chiapello qui la forme à la poterie et dès 1938, elle s’installe, avec son mari dans leur propre atelier.
Elle prend le temps d’étudier avec patience les objets du quotidien qui émaillent la vie de la provence ancestrale ainsi que des autres régions. Son étude consiste en la reproduction de formes vernaculaires, des poteries traditionnelles dont les illustrations sont trouvées dans Le poteries françaises de Pierre Ponceton et Georges Salles.
Cette approche lui vaut de gagner une médaille d’or lors de l’exposition artisanale de Nice décidée par le musée des arts et traditions populaires en 1942. Pendant que Robert Picault et Roger Capron associés alors sous le nom de Callis s’orientent vers unnéoclassicisme de bon ton, elle se se décide à présenter son travail sous le titre pièces folkloriques provençales. cela constitue un écho aux poteries traditionnelles mais elles synthétise selon sa sensibilité les formes du passé : elle les allège, retravaille leurs proportions, questionne les usages et l’esthétique. Les premières expériences sont aussi fidèles à la matière; ces poteries sont en terre recouverte à l’alquifoux, qui vient vernir de blanc, jaune ou vert les terres rouges de la région. Ces poteries sont cuite au bois jusqu’en 1953 et le four électrique arrive entre-temps, en 1948. Les émaillages se diversifient, ils sont nuancés.
L’arrivée de Pablo Picasso confirme cet axe de recherche lié aux arts et traditions populaires.cet artiste est autant lié à la notion de la modernité de l’après-guerre qu’à l’identité méditerranéenne. Il incarne entièrement les pans d’une culture matérielle nourrie par d’autres sources, primitives. Il va chercher les masques et sculptures d’Afrique auprès des grands marchands d’art parisiens; il découvre avec avidité la culture matérielle précolombienne intimement liée à la terre. Et il déploie de nombreux pans de la culture méditerranéenne dans son oeuvre.
Cela constitue un écho puissant à la recherche plus discrète de Suzanne Ramié.
Ce vase de taille exceptionnelle est envisagé, comme les pièces réalisées pour Picasso, selon une échelle de la démesure. Le vase est tourné en rouleau avant d’être pincé pour créer une animation de sa surface. Mais il n’est pas déformé pour autant, il est d’une rigueur arrondie, adoucie par une main souple. Puis l’émaillage ocre au ton sourd, comme souvent, donne une impression de couches successives pulvérisées.
D. F. Suzanne Ramié, atelier Madoura, catalogue d’exposition, musée de Vallauris, Éditions Madoura, 1998.
Suzanne Ramié's personality shone in Vallauris thanks to her technical and artistic, but also her human qualities. The latter was the crucial link between Pablo Picasso and pottery, as she had an expert knowledge of the subject. She arrived in Vallauris with an extensive knowledge of art, having studied at the School of Fine Arts of Lyon, specializing in decoration and ceramics. She began working in Lyon as a silk textile designer and eventually left her hometown for Vallauris.
It was Jean-Baptiste Chiapello who first trained her in pottery; in 1938, she moved with her husband to their own studio.
She meticulously studied the everyday objects that marked life in ancestral Provence as well as other regions. Her study consisted of the reproduction of vernacular forms of traditional pottery whose illustrations could be found in Les Poteries françaises of Pierre Ponceton and Georges Salles.
This approach earned her a gold medal at the Nice craft exhibition, held by the Museum of Folk Arts and Traditions in 1942. While Robert Picault and Roger Capron, then associated under the name of Callis and moving towards neoclassicism, she decided to present her work under the title of Folklore Provencal pieces. There is an echo of traditional pottery, but she synthesizes the forms, lightening them, reworking their proportions and constantly questioning their usages and aesthetics. The first trials are clay potteries covered with alquifoux, which varnishes in white, yellow or green the red clay that is typical of the region. These potteries are fired in wood kilns from 1953, as the electric kiln arrives only in 1948. With time, enamels diversify and become more nuanced.
The arrival of Pablo Picasso in Vallauris asserted a renewed focus on folk arts and traditions. He is as much linked to the notion of post-war modernity as he is to Mediterranean identity. Picasso fully embodies the notion of a material culture nourished by other, notably primitive, sources. He works African-inspired masks and sculptures for great Parisian art dealers; he avidly discovers the pre-Columbian material culture intimately linked to the earth. And he deploys many aspects of Mediterranean culture in his work. This is a powerful echo to the more discreet exploration of Suzanne Ramié.
This vase, of exceptional size, is made, like the pieces fabricated for Picasso, according to an oversized scale. The vase is rolled before being pinched to create a lively surface. It demonstrates a rounded rigor, softened by a flexible hand. The dull-toned ocher enamelling gives an impression of pulverized successive layers.