Temps de lecture : 5 minutes

La phrase résonne comme un manifeste et la promesse est tenue : Ce collectif est le fruit de la collaboration de trois femmes Louise Grislain, Anna Klossowski et Charlotte Morel qui depuis cinq ans travaillent ensemble à créer des situations propices à la conception d’objets du quotidien réalisés par des artistes avec des artisan.e.s.

Ce qui est en jeu dans leur pratique est l’édition de l’objet : celui avec lequel on vit et dont on fait usage.
L’expression We Do Not Work Alone renvoie directement au titre d’un recueil de pensées du potier japonais Kawai Kanjiro. Celui-ci participa activement au rayonnement du mouvement Mingei au Japon, fondé par son ami Soetsu Yanagi. Ce dernier fut lecteur et admirateur de William Morris qui, en fondant le mouvement Arts & Crafts en Grande Bretagne, insista sur le caractère essentiel du Beau et de l’utile accessibles pour tous.

“Have nothing in your house that you don’t know to be useful or believe to be beautiful.” William Morris

De cette ligne de transmissions, ce qui demeure est la symbiose* de ces éditrices qui choisissent les artistes et artisan.e.s avec lesquel.le.s mettre en oeuvre la création collective. De la réunion de ces réalisations naît un environnement riche de formes et d’enjeux qui révèlent l’attention au détail. Chaque nouvelle pièce s’inscrit dans le vide du paysage d’objets peuplant nos intérieurs et prolonge le rapport de familiarité avec l’art dans l’usage.

“Faire usage” suppose de dédramatiser l’usure et d’accepter l’éventualité de l’accident comme constitutive de l’histoire de l’objet comme compagnon. Le conserver dans un état en mouvement devient un témoignage de son importance.
L’apparition de l’objet s’inscrit dans un écosystème qui est celui de la conception collective, sans cesse renouvelée avec des participations changeantes, à travers la réalisation d’oeuvres uniques dont la diffusion a pu être envisagée d’une seule pièce à un nombre limité d’exemplaires. C’est l’ambitieux projet que chacun puisse accorder de l’attention à la vie quotidienne, grâce à la diffusion rendue possible par la multitude.

L’inventaire actuel de ces choses est déjà vertigineux** au point qu’il appelle volontiers à une installation dans un appartement témoin de ce que serait un intérieur contemporain, dans lequel on retrouverait de quoi commencer la journée à cuisiner 1, bricoler 2, se laver, se faire beaux 3, jouer 4, se reposer 5, ranger 6, jardiner 7, se recevoir 8, s’éclairer 9, s’abriter 10 une sorte de renouveau du Just what is it that makes today's homes so different, so appealing? de Richard Hamilton et dont la composition serait en mouvement au fil des nouvelles éditions.

Just what it is that makes today’s homes so different so appealing, Richard Hamilton, 1956

* “créé par le botaniste allemand H. A. de Bary, en 1879, à propos de l'association d'un champignon et d'une algue dans l'organisme des lichens. [...] on réserve l'appellation de symbiose aux cas d'associations plus ou moins régulières, plus ou moins coopératives, dans lesquelles les relations entre les deux partenaires tendent, pour l'un comme pour l'autre, à un équilibre entre les profits et les pertes, ou sont favorables à l'un des partenaires sans nuire sensiblement à l'autre. Toutefois, parmi ces degrés d'association, les zoologistes distinguent deux catégories, bien que leur limite soit parfois difficile à établir : le mutualisme, synonyme de symbiose, et le commensalisme, association beaucoup moins spécifique. “ Encyclopédie Universalis

**
CUISINER

Le beurrier Little big house d’Erwin Wurm
Le tablier A kitchen Apron with two pockets de Marc Camille Chaimowicz
La nappe One of those days d’Olaf Breuning
Le Mug Ceramics versus coffee de Claude Closky

BRICOLER

Les rouleaux de scotch By Airmail d’Olaf Breuning et Cinema Lekythos de Clément Rodzielski
Le mètre 1-2x3+4-5 d’Elsa Werth
Le metre cool d’Annette Messager
Le taille-crayons Taille-pipe-crayon François Curlet
Les gants de Mathieu Mercier

SE LAVER SE FAIRE BEAUX.ELLES

Le rideau de douche Les demoiselles au bain de Clément Rodzielski
Le porte-savon La grotte à savons de Florian Bézu

Les boutons Les paresseux de Sophie Lamm
Le miroir Ghislaine de Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize
Les paravents de Matthieu Cossé

JOUER

Le dé à jouer Joue ou perds de Claude Closky
Le jeu de domino We do mi no d’Emmanuel Van der Meulen
Les boules de pétanque Triplette alchimique de Renaud Perriches

SE REPOSER

Les coussins Cuscino spaziale de Camila Oliveira Fairclough
Les coussins cales d’Elvire Bonduelle

RANGER

Le porte manteaux Treeg de Pascale Marthine Tayou
Le valet mural VM1 de Benoit Maire

JARDINER

Les jarres de Matthieu Cossé, coédition Villa Noailles
Les jardinières de six artistes : Hélène Bertin, Florian Bezu, Elvire Bonduelle, Matthieu Cossé, Natsuko Uchino, Florentine & Alexandre Lamarche Ovize

SE RECEVOIR

Les Tapis d’assise Kurashiki de huit artistes : Ulla von Brandenburg, Elvire Bonduelle, Camila Oliveira Fairclough, Matthieu Cossé, Florentine et Alexandre Lamarche Ovize, Elsa Werth, Karina Bisch, Seulgi Lee
Le plateau Do, do, do de Sarah Tritz
Les mélangeurs Sticky Fingers de Camila Oliveira Fairclough
La chaise du soir et le rideau du soir de Benoît Maire
Le cache-prise Gufo de Marion Verboom
Le cendrier Balthus’s Ashtray de Katerina Jebb
Le saladier Volière, le pichet grec et les assiettes Fontaine et Tête de Matthieu Cossé
Le bouchon Bonchonchat d’Alain Séchas

S’ÉCLAIRER

La lampe Forever True de Dorothy Iannone
Les chandeliers Baribal & Varech, Surtout de Florentine & Alexandre Lamarche Ovize
La lampe Pierre branchée d’Olivier Sévère
Les abats-jour de Seulgi Lee

S’ABRITER S’EXPOSER

Le parapluie Karinascope de Karina Bisch
Le drap de bain Britt Bikini de Nina Childress